Voici le récit que je vais envoyer à Samuel pour parution sur le site d' Endurance Shop.
On se serait cru à la « Mecque du Trail »
durant ce week-end d’avril dans les villages de Signes, Méounes et Belgentier tant il fallait être polyglotte pour s’immiscer dans les conversations
de certains coureurs.
Réuni dans la région en camp d’entraînement, le team Salomon (France et international) a
aligné de nombreux athlètes sur les diverses formules de parcours proposées par Samuel.
Ce sont donc plus de 500 coureurs qui ont pris part à cette fête sur des tracés exigeants, accompagnés d’une météo exceptionnelle qui
a mis les organismes à rude épreuve.
Pour ma part, j’avais décidé de m’aligner sur « les sentiers d’Ugolin », deux jours consécutifs, une première.
Samedi 9 avril 2011 Belgentier-Signes 26.6 km 1446 m
D+.
Après un départ prudent (comme toujours), je me suis retrouvé dès
le début de la première ascension 3ème, doublant Jean-Jude Acadine qui ne semblait pas être dans un bon jour. Devant, Gregory Vollet (manager team
Salomon France) et Ricky Lightfoot (team Salomon Angleterre) ont pris le large.
Au bout d’une heure de course j’ai 5 mn de retard sur la tête, derrière personne, je garde mon rythme sans me faire mal. Je pense à la
course du lendemain et au duathlon de la semaine prochaine.
Ce tracé est magnifique, très technique et curieusement me convient, je ne prends aucun risque. Il commence à faire chaud et parfois
je change de trajectoire pour passer à l’ombre.
Au bout d’une ligne droite (peut-être la seule dans ce parcours) j’aperçois le britannique. Que faire ? J’ai la possibilité
d’accélérer car les jambes répondent bien, mais je risque une défaillance et demain je suis cuit. Je décide de maintenir mon allure afin d’assurer ce podium fort honorable et de ne pas
hypothéquer mes chances du lendemain.
Pourtant je me rapproche et suis à 1 mn juste avant la dernière descente vertigineuse et glissante. Dans la plaine je sens que mes
forces s’amenuisent, je lève le pied et concède un peu plus de 2 min. Grégory Vollet (ex international en VTT) emporte facilement cette première manche.
Arrivée du samedi.
Dimanche 10 avril 2011 Signes-Signes 21 km 1104 m D+
10 h le départ est donné après quelques flexions et olas orchestrées par Samuel au micro, histoire de se rappeler que nous avons couru
la veille. J’ai l’angoisse d’avoir des crampes ou une panne de carburant, tout peut arriver. Grégory Vollet quant à lui annonce la couleur et impose un train soutenu. Je ne me préoccupe pas de
lui, trop fort, je me concentre pour le podium du général.
Après avoir quitté le bitume, et distancé ceux qui partent (toujours…) trop vite, un coureur recolle. En fin stratège, je le laisse
passer pour mieux le marquer. Il n’a pas couru la veille, mais me distance à peine, je gère, nous sommes ensemble au ravitaillement, je l’attends et lui explique le parcours. C’est un jeune
coureur de la région grenobloise, Michaël Bizien, qui fait du ski alpinisme. Encore un ! Effectivement dans la montée vers la Sainte Baume il prend quelques longueurs mais je suis confiant,
car après il faut « envoyer » sur le retour.
Avant le sommet, coup de théâtre, Rickey Gates (team Salomon USA) nous rejoint. Nous voilà trois pour deux marches. Je refais les
calculs : pour le scratch du jour, je dois marquer Michaël, qui est le moins rapide sur le plat, et pour le général, l’Américain qui accuse 4
min de retard. Pas le temps de s’attarder, nous entamons la descente à grandes enjambées. Le Grenoblois décroche peu à peu, ça va vite, très vite. Soudain, j’entends au loin un cri de douleur
-notre poursuivant a dû se tordre la cheville- ai-je pensé. Le coureur du Colorado maintien la pression, je le suis comme son ombre, mes appuis sont solides et stables. Je lève quand même le pied
le long du canal avant le dernier ravitaillement. Samuel est là et m’encourage.
La dernière grosse difficulté franchie on m’annonce une trentaine de seconde de retard. Je lâche tout et reviens sur le fuyard dans la
descente très caillouteuse, il est surpris de me voir là. « Eh man, good job ! » lui dis-je, et il me répond en me pointant du doigt « No… you, good job !».(Je suis fier..) J’accélère et j’ai 10 m à l’entame du goudron. J’allonge, il est toujours là…..j’insiste, je me retourne…toujours à 10 m (au garmin on a
dépassé les 21 km/h). Je décide autre chose, je le laisse passer mais il prend la tangente en rajoutant une couche. Je perds 7 sec, mais heureux.
Notre ami blessé arrive quelques minutes plus tard et sauve une belle quatrième place.
Bilan ultra positif 2ème scratch général et 1er vétéran. Un grand
bravo à ceux qui ont fait le 2 X 45 km ainsi que tous les autres coureurs. Sans oublier Samuel, son équipe organisatrice et tous les bénévoles qui ont contribué à la réussite de cet évènement. Un
sacré défi.
Descente de la Sainte-Baume en compagnie de Rickey (team Salomon USA).